Vers Vardènis et Makénis
Depuis l'hôtel Tufenkian à Dzapatagh, nous allons rayonner pendant 3 jours en commençant par la découverte de la pointe sud-est du lac Sévan, coincée entre ce dernier et l'Azerbaïdjan.
Dès que nous prenons le sud, la route se change en piste poussièreuse et le 4X4 n'est pas un luxe. Nous croisons des petits bergers à cheval et leurs troupeaux, des camions citerne d'un autre âge et de vaillantes Lada chargées de pastèques, de foin ou d'humains. Tout cela tressaute dans des nids de poule géants et nous suivons les traces des voitures précédentes qui ont fini par dessiner une 2ème voie en marge de la piste originelle, décidément impraticable par endroits. Je me cogne la tête au plafond et je croise les doigts en espérant que nos pneus usés ne nous lâcheront pas.
Ainsi, on ne compte pas les distances en kilomètres mais en durée.
Les paysages de bout du monde sont à couper le souffle bien que les villages soient plutôt boueux et pauvres. C'est un véritable dépaysement, une vraie découverte et nous nous félicitons d'avoir choisi l'Arménie qui ne nous déçoit pas.
Il doit faire très froid ici en hiver, mais les maisons n'ont pas de volets, seulement des doubles-fenêtres.
La Sibérie doit ressembler à cela. Les paysans, étonnés, nous saluent timidement.
Petite halte pour le pique-nique dans une épicerie typique.
Les épiceries consistent en un container en tôle posé sur cales.
Plus ou moins coquet, quelquefois assez piteux à l'extérieur.
Pyramides de pastèques, quelques tomates dans un seau, quelques cornichons.
A l'intérieur, un épicier avachi derrière son comptoir. Contre les parois,
des rayonnnages chargés de boîtes de conserve, de sacs de légumes secs,
de bouteilles d'alcool, des cartons de bonbons russes "à l'ancienne", c'est-à-dire
emballés individuellement comme ceux que seules nos grand-mères offrent encore,
et vendus au poids.
Un congélateur bahut "Grand Candy" dont le volume intérieur est considérablement
réduit par la couche de givre. On y plonge pour trouver des glaces
plutôt bonnes, chocolat ou vanille exclusivement. Du pain dans des sacs en plastique.
Des biscuits sablés (pas terribles) vendus aussi au poids, des sodas pas toujours au frais.
Et le sacro-saint frigo, dont l'aspect jadis émaillé tire plus vers l'uniformément rouillé.
Puisque nous ne parlons pas arménien, nous nous servons directement :
saucissons en peau synthétique rouge, bouteilles de Coca ou de Fanta,
eau plate Noy (Noé) ou pétillante Jermuk (Djermouk).
Et en prime, la bienveillante gentillesse de l'épicier qui n'en revient pas encore
de notre "apparition" et qui prend la pose pour la photo.
De telles épiceries bordent toutes les routes et on est toujours assuré de trouver
de quoi manger ou boire, assez chichement certes.
Epicier dans sa boutique/container (vers Norakert).
Epicier équipé d'un boulier (vers Tchambarak).
Nous poursuivons notre route en espérant trouver le monastère de Makènotsats vank à Makénis.
Tâche difficile car par ici, aucun nom de village n'est indiqué, pas plus que les
directions. Nous descendons souvent de voiture pour montrer notre carte et
indiquer de l'index notre destination.
Les indications de notre guide sont très vagues.
Un petit côté "Borat", non ?
Nous poursuivons notre route à la recherche du monastère ...
Voici les 9 katchkar qui indiquent que nous sommes sur la bonne voie.
Les katchkar sont des croix sculptées sur des blocs de pierre, aux motifs riches et tous différents.
On les trouve aux abords des monastères ou dans les cimetières pour marquer les tombes, couchés ou debout. Ceux-ci sont maculés par la cire fondue des cierges.
Nous prenons en stop un homme sans qui nous aurions eu un peu de mal à trouver le monastère de Makénis, Makènotsats vank. D'autres hommes vont nous ouvrir la porte de l'église et plus tard nous déposerons 2 d'entre eux au bord du chemin de retour.
Les tuyaux de gaz aériens typiques de l'Arménie.
Y-en-a-t-il encore qui trouvent qu'une éolienne, c'est laid ?